Monument aux morts de Labarthe-Inard : Paul Landowski

Le Monument aux Morts et son sculpteur: Paul Landowski

Le Monument aux Morts et son sculpteur: Paul Landowski

Le Monument aux Morts du village date de 1922. Après la guerre de 14-18, « la Religion de la Guerre devient la

Religion du Souvenir et les Monuments aux Morts seront la mémoire des combattants ».

« La guerre 14-18 avait laissé, au sculpteur Paul Landowski, la vision des morts couchés côte à côte dans la boue des tranchées ». « Si j’en reviens, dit-il, …si j’en reviens, ces morts, je les redresserai ». Paul Landowski, lauréat du Prix de Rome en 1900, revient de la guerre et reçoit alors la Croix de Guerre.

Paul Landowski sculpte de nombreux monuments aux morts (plus de 80 !) dont celui appelé « Les Fantômes » édifié sur les lieux des batailles de la Marne en  1918, celui de Saint Quentin, d’Alger, de Casablanca, etc.

Parmi ses œuvres, on peut distinguer la statue de Sainte Geneviève sur le pont de Tournelle à Paris, les fontaines de la porte de Saint Cloud, le tombeau du Maréchal Foch, le rêve d’Icare: un hommage à Clément Ader à Muret et aussi le fameux Christ de Corcovado (le Christ Rédempteur) à Rio de Janeiro.

 Nous lui devons aussi le monument à la gloire de l’armée française, place du Trocadéro, et des sculptures au Panthéon de Paris et à Genève. Un musée-jardin  Paul Landowski honore cet artiste à Boulogne-Billancourt.

 Membre de l’Académie des Beaux Arts en 1926, il est nommé directeur de l’Académie de France à Rome de 1933 à 1937. En 1939, il dirige l’Ecole des Beaux Arts de Paris réformant l’enseignement de l’art. Il sculpte dans son atelier de Boulogne à l’endroit duquel se situe aujourd’hui le musée-jardin jusqu’à sa mort en 1961.

Paul Landowski  disait « de ses soldats » :« ils sont graves, concentrés … c’est une scène vraie, d’où sa noblesse, son émotion, sa gravité… ». Jean-Clément Dauban souligne dans sa conférence à l’Académie Julien Sacaze en l’an 2000 que « l’on ne saurait mieux décrire le monument aux morts de Labarthe-Inard ».

«  Il est taillé dans trois blocs de roche douce des carrières de Bourgogne, d’un volume total de 3,3 m3, livrés aux ateliers de Paul Landowski  pour la somme forfaitaire de 1375 francs. Ce monument représente un simple soldat, il est transporté en juillet, par chemin de fer, pour 918,65 francs ».

Le monument a une hauteur de 2,70 m et une largeur de 1,90 m, le  poilu mesure 2 m.

« Ce qui frappe, lorsqu’on découvre le monument et ce qui le caractérise, c’est l’attitude de recueillement du soldat.

Avec sa capote, son casque, sa musette et son bidon, debout, appuyé sur son fusil, sans agressivité, mains jointes, il médite. Méditations d’un simple soldat.

En regardant les 24 noms des morts du village, vous noterez celui de Jean Cruppi. Son père, sénateur de la Haute Garonne et ministre, occupait avec son épouse le Château de Lamaguère. Paul Landowski devenu veuf avait épousé Amélie Cruppi, la fille du ministre. Monsieur Cruppi entend lors du discours d’inauguration «…dans un élan de précieuse solidarité vous avez voulu associer votre deuil à nos deuils… ».

Paul Landowski effectua gracieusement le monument ; le prix de la pierre, des fournitures, du transport s’éleva à 7655 francs.

Monsieur Cruppi fit don généreux de 5000 francs. Le Maire versa 1655 francs, la population assura, difficilement, les 1000 francs restant.

Le  discours d’inauguration de Gaudens Dauban, maire élu en 1919 à son retour de la guerre, se termine ainsi :

 Mes enfants, lorsque vous passerez devant ce monument, découvrez-vous et pénétrez-vous d’une reconnaissance infinie pour tous les grands morts de la grande guerre qui ont sacrifié leur vie. Ecoutez leur voix qui vous dira : consolidez notre victoire, maintenez l’union sacrée qui a fait notre force pendant les jours sombres de la lutte. Travaillez en vue de la réalisation de l’idéal que nous avons entrevu, c’est-à-dire au rapprochement des peuples et, par l’avènement des libres démocraties à la disparition définitive de la guerre. »

C’était en 1922 !

« Tout n’est que momentané, le bonheur comme le malheur, comme la Vie. Les œuvres seulement restent. » Paul Landowski

JY Guchereau      Documentation : extraits de la conférence de Jean-Clément Dauban à l’Académie Julien Sacaze, le 19 juillet 2000 : le Monument aux Morts de 1914-1918 de Labarthe-Inard
Photos web et JYG